Michel Portal, clarinettes
François Salque, violoncelle
Pierre Perchaud, guitares
Yoann Serra, batterie
L’éclectisme comme credo : une soirée avec quatre musiciens d’exception !
À 85 ans, le clarinettiste et saxophoniste Michel Portal peut se targuer d’une carrière hors norme : après des débuts fracassants dans la musique classique, il fut l’un des instigateurs en France du courant free jazz, fit partie de l’orchestre de Claude Nougaro et collabora à de nombreux films.
Pour ce concert exclusif, il s’allie avec un trio de musiciens tout aussi exceptionnels : le guitariste Pierre Perchaud, le batteur Yoann Serra et le violoncelliste François Salque. Ensemble, les quatre artistes nous proposent une soirée qui se joue des styles ! Du jazz au tango, des grandes pages de la musique classique aux thèmes traditionnels d’Europe centrale, en faisant un détour par certaines de leurs compositions, ces interprètes nous entraînent dans des paysages musicaux d’une richesse inouïe.
« Mozart ou free-jazz, Michel Portal fait le grand écart en jouant des anches. » Télérama, 2019
« Fantaisie et liberté. Son glorieux et maîtrise totale… Un Salque aux phrasés vibrants et intenses. » Diapason
Les artistes
Michel Portal
Clarinette
Clarinettiste et saxophoniste à la technique éblouissante forgée à l’école exigeante de la musique classique occidentale ; concertiste et chambriste raffiné (grand spécialiste de Mozart et de Schumann) mais aussi, simultanément, propagateur inspiré du free jazz et de l’improvisation libre tout au long des années 70 au sein de son Unit ; interprète privilégié des grands maîtres de la musique contemporaine (Boulez, Stockhausen, Berio) et compositeur lui-même, notamment pour le cinéma (Comolli, Oshima...) ; aventurier solitaire du jazz sous toutes ses formes, régénérant son énergie dans une boulimie jamais rassasiée de rencontres tous azimuts (de Bernard Lubat à Martial Solal, en passant par Joachim Kühn, Joey Baron, Jack DeJohnette, Richard Galliano, Bojan Z, la liste est interminable...) — Michel Portal, incapable de se fixer (à un style, à un genre, à un groupe…) n’a jamais envisagé la musique autrement que comme l’espace intime d’une mise en danger maximale, ne craignant rien tant que répéter aujourd’hui ce qui a été conçu et joué la veille. Voilà sans doute pourquoi, définitivement entré dans la légende de la musique française et européenne, Portal à 85 ans n’a pourtant rien d’une institution. Phénix toujours renaissant, peuplé par toutes ces musiques qui au fil des années l’ont traversé, bousculé, constitué, le clarinettiste, quel que soit le contexte dans lequel il se produit, du solo absolu au quintette plus conforme aux standards de la formation de jazz, persiste à faire de son art l’expérience d’une mise à nu où chaque fois éprouver ses limites et se réinventer. En métamorphose continuelle, sa musique inimitable, lyrique, habitée, ouverte aux flux et migrations — définitivement nomade en ce qu’elle n’a que faire des frontières, ne les transgressant même pas, se contentant de les ignorer superbement — n’est sans doute pas de celles sur lesquelles se fondent les écoles. Trop libre. Trop insaisissable. Elle entre en revanche dans la catégorie rare des expressions artistiques de ce demi-siècle ayant su le mieux saisir l’instabilité et l’imprévisibilité radicales de nos existences éphémères. Elle n’en est que plus précieuse.
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Michel Portal n’a jamais envisagé la musique autrement que comme une passion dévorante à laquelle se vouer corps et âme dans l’espoir d’échapper un tant soit peu au terrible ennui de la vie des hommes.
Yoann Serra
batterie
Né en 1979, Yoann Serra est certainement l’un des batteurs les plus doués du paysage jazzistique national.
Dès l’âge de 6 ans, il intègre la classe de percussions classiques au Conservatoire de Nice. S’ensuit la batterie jazz, dont il maîtrise rapidement les subtilités. Très vite, la passion de la musique en général, et du jazz en particulier, le dévore, et dès l’âge de 16 ans, il joue avec ses aînés reconnus comme Jean-Marc Jafet, Gilbert « Bibi » Rovère (décidément présent dans toutes les biographies des musiciens niçois qui comptent, tant fut importante son influence), il rejoint ensuite le collectif MU, part en tournée avec Ray Gomez, puis accompagne le trompettiste François Chassagnite (même remarque que pour « Bibi » Rovère), avec qu’il enregistre l’album “Un Poco Loco” en compagnie de Fred D’Oelsnitz (piano) et Fabrice Bistoni (contrebasse), album très achevé qui présente une musique de haute volée dans laquelle Yoann Serra, malgré son jeune âge, fait preuve d’une étonnante maturité de jeu. Sa finesse sur les cymbales est proprement renversante.
Mais ce n’est que l’aube d’une brillante carrière… Il joue en 1999 aux côtés du batteur Francis Lassus dans “les élégantes machines” et avec Francis Lockwood, Sorgo, Boris Blanchet, accompagne Ted Curson, Bobby Porcelli à l’occasion des Midems 2000 et 2001. En 2001, il accompagne la chanteuse brésilienne Marcia Maria au Nice Jazz Festival. Tout en continuant à vivre à Nice, il commence, dès 2003, à s’orienter vers Paris, où il fréquente le Baiser Salé, le Sunset, le Sunside..., et joue aux côtés de Jean-Marc Jafet, Christian Escoudé, de nouveau Marcia Maria, et bien d’autres. C’est ensuite l’installation définitive à Paris et une carrière de sideman recherché (Laurent De Wilde, Jean-Marie Ecay, les frères Belmondo, Sylvain Luc, Steve Grossman, et bien d’autres).
En 2009 il rejoint l’Orchestre National de Jazz, dont il fera partie jusqu’à 2013 sous la direction de Daniel Yvinec, plus longue incarnation de l’O.N.J, et meilleure vente de disque de l’orchestre avec l’album « Around Robert Wyatt ».
Il rejoint ensuite le groupe Electric Epic de Guillaume Perret, groupe au succès croissant (Nice Jazz Festival et Jazz à Juan, La Note Bleue, Cedac de Cimiez, en ce qui concerne nos cieux azuréens),
et également les formations du guitariste Richard Manetti (album en compagnie de Jean-Marc Jafet et Fred D’Oelsnitz), et celle de l’accordéoniste niçois Vincent Peirani. Un musicien complet, à l’aise dans toutes les musiques, du be-bop au manouche en passant par l’avant-garde et la fusion.
Pierre Perchaud
guitare
Du son avant tout le reste !
Depuis quelques années, Pierre Perchaud s’est imposé comme un des plus brillants guitaristes de jazz de sa génération. Son association avec le contrebassiste Nicolas Moreau, suivie de leur rencontre avec le batteur Jorge Rossy, a donné naissance au trio Fox. Né d’une étroite collaboration avec le saxophoniste Chris Cheek, « Pelican Blues », deuxième album de la formation, se présente comme une évocation de la Louisiane.
« On s’est imprégné, puis après on a écrit de la musique », précise Pierre, pour décrire la genèse de ce nouvel album. Du coup, certains morceaux de « Pelican Blues » apparaissent de fait « enracinés » dans la musique louisianaise, tandis que d’autres sont davantage liés à « l’imaginaire qu’on s’était construit autour de la Louisiane ». Pour Pierre, ce processus d’écriture se déroule « la plupart du temps avec l’instrument, même si ça peut m’arriver d’avoir des bribes de morceaux dans la voiture, en chantant… ».
Même lorsqu’une voix mélodique vient se rajouter, comme celle de Chris Cheek pour cet album, cette formule en trio avec basse et batterie met en tout cas en valeur la richesse de l’accompagnement du guitariste. « J’essaie de ne rien m’interdire, affirme-t-il… C’est un état d’esprit plus qu’un travail très précis. J’essaie concert après concert de développer un état d’esprit le plus ouvert possible au collectif quand j’accompagne… ». Une forme de discipline qui implique tout un tas de ressources et de techniques instrumentales.
« Au départ, je suis un guitariste de formation classique », reconnaît l’intéressé. « Ensuite, j’ai beaucoup travaillé pour reconnecter tout ce que je savais jouer à mon instinct, mon oreille… J’essaie toujours de connecter mon jeu à une forme de chant intérieur, à quelque chose de vraiment senti ». En réalité, cette exigence s’est installée très tôt dans son parcours (pratiquement dès ses débuts sur l’instrument !) : « Depuis tout jeune, j’ai toujours eu le réflexe de chercher des choses, de ne pas me contenter de lire une partition. Je composais des trucs dans mon coin… Je flânais sur la guitare… je restais des heures dessus… ça m’a tout de suite pris ».
C’est grâce à Olivier Louvel, un collègue guitariste, que Pierre découvre celle qui va devenir sa guitare de chevet, une Gibson 330, « plus légère que la 335 » (il n’y a pas de poutre sous les micros), avec « un tout petit peu plus de résonance acoustique ». « Il y a certaines années où je m’en suis éloigné, mais j’y suis revenu. Elle est très polyvalente. Très adaptée à ce que je pratique dans le jazz. Aussi adaptée si je dois jouer quelque chose de plus rock ou blues ». Pour élargir sa palette sonore, Pierre ne dédaigne pas avoir recours à quelques effets : reverb, delay, drive…, avec une prédilection pour les pédales Strymon (Delay El Capistan, Reverb Flint…). « Si un effet libère des choses positives pour moi, une plus grande fluidité, je l’utilise… J’aime bien utiliser les effets de manière assez subtile… Des fois, j’en mets très peu, on peut entendre la différence de façon vraiment très légère… mais au final ça change beaucoup pour moi ».
Revenons à la « technique ». Doigts ou médiator, pour la main droite ? « Au début, je jouais exclusivement aux doigts, même sur la guitare électrique, dans la volonté de garder une spécificité… mais il y a toute une palette sonore qu’il me semble impossible à avoir… Donc j’ai préféré privilégier le son plutôt que la sophistication du jeu aux doigts pour le phrasé. La musique, avant tout, c’est du son, avant tout le reste, pour moi ! » Il arrive tout de même à notre homme de renouer avec « le jeu aux doigts », dans certains contextes ou pour certains passages. Ainsi de ces « arpèges tourbillonnants », inspirés du banjo, qu’on retrouve sur l’album. « La guitare classique m’a permis vraiment de consolider le socle de ma main, qui bouge le moins possible. Ça me permet de faire ce genre d’arpèges ».
François Salque
« Un souffle extraordinaire » Concerto.net
Diplômé de l’université de Yale et du Conservatoire de Paris, François Salque est, très jeune, primé dans les concours internationaux (Genève, Tchaïkovski, Munich, Rostropovitch, Rose...). « La sensibilité et la noblesse de son jeu » alliées à « un charisme et une virtuosité exceptionnelle » (Pierre Boulez) lui permet de remporter pas moins de dix premiers prix et autant de Prix spéciaux.
Ses concerts l’ont déjà mené dans plus de soixante-dix pays et ses disques en soliste et en musique de chambre partagés avec des musiciens tels que Renaud Capuçon, Emmanuel Pahud, Eric Le Sage ou Alexandre Tharaud ont été salués par la presse (Diapasons d’Or de l’année, Chocs du Monde de la Musique, 10 de Répertoire, Prix de l’académie Charles Cros, Victoires de la Musique, Palme d’Or de la BBC…).
François Salque signe également sept disques remarqués avec le quatuor Ysaÿe dont il a été pendant cinq ans le violoncelliste. Son engagement pour la musique de notre temps lui a valu de nombreuses dédicaces de compositeurs contemporains, notamment de Jean-François Zygel, Thierry Escaich, Karol Beffa, Nicolas Bacri, Jean-Frédéric Neuburger, Krystof Maratka, JeanBaptiste Robin ou encore Bruno Mantovani. Il est également à l’origine de très nombreuses créations, mêlant inspirations contemporaines, jazz et musiques traditionnelles et enregistre deux albums particulièrement originaux en duo avec le célèbre accordéoniste Vincent Peirani.
François Salque enseigne aujourd’hui au Conservatoire de Paris (CNSMDP) et à la Haute École de musique de Lausanne (Hemu). Sa profondeur musicale, sa technique et son éclectisme en ont fait une personnalité incontournable du monde de la musique.
L’année 2019 a été particulièrement intense et a vu la concrétisation de nombreux projets de cet artiste au parcours riche et atypique :
- la sortie du CD Mirare avec la pianiste Claire-Marie Le Guay consacré à Schubert
- la sortie de l’album Loco Cello, son nouveau projet (violoncelle, deux guitares et contrebasse) entièrement dédié aux créations mêlant inspirations romantiques, musiques folkloriques et jazz contemporain
- de très nombreux concerts en soliste et en musique de chambre en Amérique du Sud (quatuor Modigliani), en Chine, au Japon et bien sûr en France dont le concerto de Dvorak avec l’Orchestre Symphonique de l’Oural, en ouverture de La Folle Journée de Nantes.
L’année 2020 verra notamment la sortie de pas moins de dix CDs (!) consacrés à l’intégrale de la musique de chambre de Brahms en compagnie de Pierre Fouchenneret, Sarah Nemtanu (super soliste de l’Orchestre National de France), Lise Bertaud (tous trois musiciens de son quatuor Strada), intégrale ayant aussi fait l’objet de concerts captés par la chaine Mezzo.
« Un musicien particulièrement sensible qui interprète la musique de notre temps avec une grande intelligence » Henry Dutilleux
« François Salque est impérial dans tout ce qu’il approche » Diapason
« Fantaisie et liberté. Son glorieux et maîtrise totale… Un Salque aux phrasés vibrants et intenses. » Diapason
« François Salque est exceptionnel dans toutes ses interprétations » Sud-Ouest
« Les coups d’archet de François Salque sont souples, énergiques et précis à la fois. La grande fluidité mélodique se conjugue avec des rythmes pleins d’ardeur. » Resmusica
« François Salque montra une technique supérieure, une maîtrise et une qualité de son alliées au génie de l’interprétation qui en fait l’un des plus indiscutables musiciens actuels. » Jean-Guillaume Lebrun (magazine En Concert - critique d’un concert au Théâtre du Châtelet)